VEF Blog

Titre du blog : Thèmes-64, 1981, par Pierre-Antoine CATHIGNOL
Auteur : 1981Themes64
Date de création : 04-03-2017
 
posté le 25-03-2017 à 18:13:26

6) Différentes formes de duals dans un problème ou une étude, par Pierre-Antoine CATHIGNOL

Note : pour ce qui est des compositeurs échiquéens dont les noms suivent dans cet article intermédiaire avant la fin de la solution de mon étude à découvrir dans les articles N°7 et suivants, mes sources furent :

a) Wikipédia, un peu. Mais surtout :

b) Alain BIÉNABE, co-auteur avec Nicolas GIFFARD de « Le Guide des Échecs ; Traité Complet » (Paris 1993) et « Le nouveau Guide des Échecs ; Traité Complet » (ouvrage très semblable, mais avec de nombreuses additions, Paris 2009), deux superbes (en qualité) livres publiés aux "Éditions Robert Laffont, collection "Bouquins".

Le premier ouvrage ayant été épuisé, l’éditeur a légèrement modifié le titre pour un ouvrage complété car, entre 1993 et 2009, il s’est évidemment passé beaucoup de choses, tant dans le domaine du jeu d’échecs que celui du problème d’échecs.

Nicolas GIFFARD, que j’ai vu être couronné champion de France du jeu d’échecs (en 1978 à Castelnaudary, à l‘occasion de son premier titre), et Alain BIÉNABE, qui possède une grande érudition dans le domaine du problème d’échecs, ont co-écrit un ouvrage de référence dont je me suis longtemps servi et me sers encore, comme vous voyez.

----------------------------------------------------------------------------------------------------

Avant d’aborder la suite de la solution, je dois aborder la notion de dual.

N’allez surtout pas regarder la définition de Wikipédia, eux, ils n’y ont rien compris ! L

Je possède quatre livres sur les problèmes d’échecs et, pour diverses raisons, je n’y ai trouvé satisfaisante aucune des quatre définitions du mot dual. Et je n’ai pas trouvé non plus les mêmes définitions sur les sites d’échecs d’Internet.

Évidemment, elles se ressemblent toutes mais il y a de petites différences entre elles.

----------------------------------------------------------------------------------------------------

L’une d’elles dit ceci :

**************************************************

1) On dit qu’il y a dual quand il existe deux moyens d’arriver au mat.

**************************************************

Une autre dit ceci :

**************************************************

2) Lorsque, après une défense des Noirs, les Blancs ont plusieurs manières de donner le mat, on dit qu’il y a « dual ».

**************************************************

Une troisième ceci :

**************************************************

3) Je rappelle qu’un dual est une double réponse des Blancs au même coup des Noirs.

**************************************************

Une quatrième dit ceci :

**************************************************

4) Il y a dual quand une défense permet aux Blancs de mater ou de continuer le jeu de deux façons différentes.

**************************************************

Enfin, une cinquième dit ceci :

**************************************************

5) Il y a dual quand l’attaquant a deux manières différentes de continuer, qui conduisent au même résultat dans le même nombre de coups.

**************************************************

Conclusion : les quatre premières sont imprécises. Et la cinquième, la plus précise, concerne tous les problèmes d’échecs (orthodoxes, hétérodoxes, féeriques) sauf les études.

----------------------------------------------------------------------------------------------------

Je vais donc devoir donner mes propres définitions, pour mon blog.

Et d’abord, pourquoi n’en ai-je pas parlé plus tôt, des duals ? Ce fut pour éviter de fatiguer inutilement le lecteur vu que les duals qui apparaissaient dans les précédents articles (notamment le N°5) n’affectaient pas la variante PRINCIPALE de la solution.

Parce que chacun comprendra sans difficulté que, si les Noirs se défendent mal, jouant plus ou moins n’importe quoi, il est clair — et c’est valable pour tous les problèmes et toutes les études du monde (excepté la plupart des « mats en deux coups », vu leur nature propre, et quelques autres problèmes en général de solution courte et de faible matériel, ne permettant donc justement pas de pouvoir jouer « n’importe quoi ») — que les Blancs n’auront que l’embarras du choix pour mater ou progresser vers le mat ! D’où : duals, et même plurials !

C’était le cas sur 2...Rg8? (voir article N°5), qui était le plus mauvais des coups de roi, et pour lequel Komodo donnait pas moins de onze 3èmes coups blancs gagnants ! Pas tous à la même vitesse, c’est vrai, mais, pour une étude de gain, l’important n’est pas de mater en un certain nombre de coups bien précis, l’important c’est de finir par gagner.

----------------------------------------------------------------------------------------------------

Et donc, jusqu’au sixième coup inclus de la variante principale de la solution de mon étude, il n’y a pas eu de dual.

On a en effet :

1.d5!! (seul coup gagnant, les autres coups ne permettant que d’annuler) exd5 (meilleure défense)

2.exd5!! (seul coup gagnant) cxd5 (meilleure défense)

3.a5!! (seul coup gagnant) bxa5 (meilleure défense)

4.b5! (seul coup gagnant, tout autre coup étant même perdant) axb5 (meilleure défense)

5.cxb5! (seul coup gagnant, tout autre coup étant même perdant) Re7 (meilleure défense)

6.b6! (seul coup gagnant) Rd7 (meilleure défense)

----------------------------------------------------------------------------------------------------

Je vais donner dans cet article trois problèmes et une étude célèbres contenant des duals, pour en montrer les différentes formes. Après, je conclurai.

Note : j’emploierai le terme général plurial quand un coup noir permet plusieurs "bons" (je reviendrai sur cette notion, différente dans un problème et une étude) coups blancs différents en réponse.

J’emploierai le terme trial quand un coup noir permet trois "bons" coups blancs différents en réponse.

J’emploierai le terme quartal quand un coup noir permet quatre "bons" coups blancs différents en réponse.

Je n’aurai pas besoin des mots « quintal », etc.

----------------------------------------------------------------------------------------------------

----------------------------------------------------------------------------------------------------

1) Voici pour commencer un problème extrêmement célèbre, intitulé « La Comète », composé par l’Étasunien Sam LOYD (1841-1911), publié dans le « Saturday Courier » le 23 août 1856, admiré de tous, et qui pourtant contient un dual au 7ème coup. Pas bien joli, en plus. L

Si vous cherchez "Sam LOYD" sur Wikipédia, vous ne trouverez de lui que ce problème (plus un problème d’analyse rétrograde) et pourtant Sam LOYD a composé de nombreux autres chefs-d’œuvre. C’est d’ailleurs le plus célèbre des problémistes du 19ème siècle.

Mais la solution de « La Comète » est si inattendue !

 

 

7+10                                                            14#

(7 pièces blanches plus 10 pièces noires ; les Blancs jouent et font mat au 14ème coup)

Solution :

1.Rc5 Fg1 2.Rb6 Fh2 3.Ra7 Fg1 4.Ra8! Fh2 5.Rb8 Fg1 6.Rc7 Fh2 7.Rd6 ou Rd8 (dual, donc) Fg1 8.Re7 Fh2 9.Rf8 Fg1 10.Rg7 Fh2 11.Rh6 Fg1 12.Rg5 Fh2 13.Rxh4 Fg1 14.Txg3# (ou 13...Autre coup 14.Fxg2#).

À noter que Komodo est complètement dépassé par cette étude ! Il donne l’égalité jusqu’à 9...Fg1. Là, enfin, il voit un mat en 5 coups. Oh, il rirait, feu Sam LOYD, comme il rirait s’il était encore de ce monde ! J J

On peut déjà noter que, dans ce problème, le parcours du roi blanc est différent suivant que l‘on joue 7.Rd6 ou 7.Rd8, mais qu’il se rejoint le coup d’après (8.Rg7).

----------------------------------------------------------------------------------------------------

----------------------------------------------------------------------------------------------------

2) Voici pour continuer un problème où les duals sont nombreux (il y en a onze), mais où, contrairement au problème de Sam LOYD étudié ci-dessus, les Blancs passent toujours sur les mêmes cases, du début à la fin, et le même nombre de fois sur chaque case.

En effet, c’est le même dual qui se trouve répété à onze reprises, et il consiste en une simple interversion de coups, à savoir si l’on choisit de jouer d’abord le roi blanc en g3 ou si l’on préfère le jouer d’abord en f3, compte tenu qu‘il devra passer sur ces deux cases à la suite, venant de la case g2 et se préparant à y retourner, après donc avoir fait une triangulation, pour contrarier son homologue noir qui ne peut pas en faire autant, coincé qu‘il est sur la première rangée.

----------

Roméo BÉDONI et André CHÉRON, Journal de Genève, 28 juin 1975

 

7+14                                                            57#

 

Solution :

1.Rxf1 (zugzwang !) bxc6 2.Rg2 Re1 3.Rg3 (ou Rf3 : dual donc) Rf1 4.Rf3 (respectivement Rg3) Re1 5.Rg2 Rd1

6.Rf1 (zugzwang !) c5 7.Rg2 Re1 8.Rg3 (ou Rf3 : dual donc) Rf1 9.Rf3 (respectivement Rg3) Rf1 10.Rg2 Rd1

11.Rf1 (zugzwang !) c4 12.Rg2 Re1 13.Rg3 (ou Rf3 : dual donc) Rf1 14.Rf3 (respectivement Rg3) Rf1 15.Rg2 Rd1

16.Rf1 (zugzwang !) c3 17.Rg2 Re1 18.Rg3 (ou Rf3 : dual donc) Rf1 19.Rf3 (respectivement Rg3) Rf1 20.Rg2 Rd1

21.Rf1 (zugzwang !) c6 22.Rg2 Re1 23.Rg3 (ou Rf3 : dual donc) Rf1 24.Rf3 (respectivement Rg3) Rf1 25.Rg2 Rd1

26.Rf1 (zugzwang !) c5 27.Rg2 Re1 28.Rg3 (ou Rf3 : dual donc) Rf1 29.Rf3 (respectivement Rg3) Rf1 30.Rg2 Rd1

31.Rf1 (zugzwang !) c4 32.Rg2 Re1 33.Rg3 (ou Rf3 : dual donc) Rf1 34.Rf3 (respectivement Rg3) Rf1 35.Rg2 Rd1

36.Rf1 (zugzwang !) a6 37.Rg2 Re1 38.Rg3 (ou Rf3 : dual donc) Rf1 39.Rf3 (respectivement Rg3) Rf1 40.Rg2 Rd1

41.Rf1 (zugzwang !) a5 42.Rg2 Re1 43.Rg3 (ou Rf3 : dual donc) Rf1 44.Rf3 (respectivement Rg3) Rf1 45.Rg2 Rd1

46.Rf1 (zugzwang !) a4 47.Rg2 Re1 48.Rg3 (ou Rf3 : dual donc) Rf1 49.Rf3 (respectivement Rg3) Rf1 50.Rg2 Rd1

51.Rf1 (zugzwang !) a3 52.Rg2 Re1 53.Rg3 (ou Rf3 : dual donc) Rf1 54.Rf3 (respectivement Rg3) Rf1 55.Rg2 Rd1

56.Rf1 (zugzwang !) Fxf2 (tristement forcé : les Noirs n‘ont maintenant plus que ce coup mortel à jouer) 57.Rxf2#

Notes :

1) Les trois pions noirs mobiles (deux sont bloqués) de l’aile dame peuvent être avancés dans n’importe quel ordre et augmente donc le nombre de variations. L’augmentation du nombre de variantes dans un problème est en général un "plus", mais pour ce qui est de l’augmentation du nombre de variations, ça n’ajoute rien à la beauté du problème. Mais ça ne lui en retire rien, bien sûr.

Les variantes sont des coups noirs différents qui conduisent à des coups blancs différents (voir les six variantes principales du problème ci-dessous), tandis que les variations laissent les Blancs de marbre et ils jouent la même chose, quelle que soit la variation choisie par les Noirs.

2) Roméo BÉDONI, né en 1927, est un problémiste français très connu, à l’imagination débordante, ayant inventé des pièces féeriques et des genres féeriques en quantités industrielles.

3) André CHÉRON (1895-1980) fut un très grand problémiste français. Il fut aussi trois fois champion de France du jeu d’échecs, lors des trois derniers championnats auxquels il a participé (1926, 1927 et 1929). Dès l’âge de 17 ans, sa mauvaise santé l’obligea à aller vivre en Suisse. Il ne travailla pas, se consacrant aux échecs toute sa vie. Il écrivit plusieurs livres sur le jeu d’échecs et plusieurs autres sur le problème d’échecs. Son œuvre posthume (« Le Joueur d’Échecs au Pays des Merveilles ») est un monument de la littérature sur la composition échiquéenne. Il comporte 312 pages écrites en petits caractères et il faut parfois plus d’une journée pour en comprendre seulement une seule page !

4) Le problème ci-dessus possède une particularité : TOUS les coups blancs de la solution, Y COMPRIS le dernier coup (celui qui donne échec et mat) sont joués par le roi. C’est le record du monde de longueur du genre, avec cette légère faiblesse que constituent ces onze interversions de coups possibles.

André CHÉRON possède aussi le record du monde de longueur d’un problème où TOUS les coups blancs de la solution, Y COMPRIS le dernier coup (celui qui donne échec et mat) sont joués par le roi, sans dual cette fois : c’est un « mat en 37 coups » qu’il publia dans le Journal de Genève le 26 novembre 1977. Ce genre de problème, où seul le roi blanc joue, se nomme un "Durbar", selon André CHÉRON. Les deux "Durbar" de CHÉRON sont bien entendu aussi admirables l’un que l’autre. Un peu comme les records du saut en hauteur sans perche et du saut en hauteur avec perche, en athlétisme.

Je n’ai pas fait vérifier par Komodo le "37 coups" de CHÉRON mais j’ai tenté de faire vérifier son "57 coups" ci-dessus composé en collaboration avec Roméo BÉDONI. Mon fidèle Komodo, visiblement dépassé par les événements J, donne les Noirs gagnants durant très longtemps (ben oui : ils ont un gros avantage matériel) ; puis, vers le 40ème coup, il estime qu’il va y avoir partie nulle. Enfin, au 43ème coup (J !), il trouve un « mat en 14 coups » et c’est bien la fin de la solution !! Ah, ce brave Komodo ! J

----------

Conclusion : dans mon étude, on retrouvera aussi quelquefois des interversions de coups. Cela aura lieu entre les 7ème et 12ème coups, qui pourront être joués dans un relatif désordre.

--------------------------------------------------------------------------------------------------

--------------------------------------------------------------------------------------------------

3) Voici pour continuer un problème où le dual ne porte que sur la promotion, qui peut être une dame ou une tour.

Ce genre de dual est très fréquent, surtout si la pièce promue est aussitôt capturée (ce qui n’est pas le cas ci-dessous).

Auteur : Henry Wald BETTMANN (1868-1935), problémiste étasunien.

Problème publié en janvier 1923 dans le « Good Companion Folder ».

 

6+5                                                                 #2

 

11 pièces (6+5) ; #2 signifie : « Les Blancs jouent et font mat en deux coups ».

Solution :

1.Td7!

Après cette clé, il y a six réponses noires intéressantes :

A) 1...Rxc6 2.cxb8C mat.

B) 1...Cxc6 2.cxb8D mat ou cxb8T mat.

C) 1...Rxa7 2.c8C mat.

D) 1...Ce6 2.c8D mat.

E) 1...Tc8 2.cxd8C mat.

F) 1...Rc8 2.cxd8D mat ou 2.cxd8T mat.

C’est un joli problème, encore que je reproche deux choses à la position initiale : le roi blanc et le fou blanc pourraient être placés sur bien d’autres cases au départ (par exemple roi en a1 et fou en f1), pour un problème au résultat identique.

On voit que, sur les six réponses noires ci-dessus, il y a six mats différents au second coup. Six variantes, donc.

Et, ce qui est joli, c’est que les six coups blancs différents sont SIX COUPS DU MÊME PION ! Rare !

Mais il y a deux duals. Un dual dans la variante B et un dual dans la variante F.

Ce sont évidemment des faiblesses. On eût aimé en effet que les six promotions ne comportassent pas de duals.

Mais il est clair que feu Henry Wald BETTMANN n’a pas pu les éviter, sinon il aurait amélioré son problème.

Notez que, au moins, dans la variante D, il n’y a pas de dual, car 2.c8T+? ne donne pas mat.

Pour les trois variantes A, C et E, l’auteur n’a pas eu à craindre de dual vu la marche spéciale du cavalier.

Enfin, si les Noirs jouent n’importe quoi (c’est-à-dire ici les cinq coups possibles du cavalier f7), il y a évidemment, comme dans quasiment tous les problèmes, ainsi que je l’ai dit plus haut, des plurials. On a :

G) 1...Ce5 2.c8D mat ou cxd8C mat (dual, donc, et pas dual de promotion)

H) 1...Cd6 2.c8D mat ou c8T mat ou cxb8C mat ou cxd8C mat (quartal et pas que de promotion)

I) 1...Cg5 2.c8D mat ou c8T mat ou cxb8C mat ou cxd8C mat (quartal et pas que de promotion)

J) 1...Ch6 2.c8D mat ou c8T mat ou cxb8C mat ou cxd8C mat (quartal et pas que de promotion)

K) 1...Ch8 2.c8D mat ou c8T mat ou cxb8C mat ou cxd8C mat (quartal et pas que de promotion)

----------

Conclusion : dans mon étude, on retrouvera aussi quelquefois ces duals de promotion. Ce sera toujours sur le coup b7-b8.

----------------------------------------------------------------------------------------------------

----------------------------------------------------------------------------------------------------

4) Voici maintenant une étude très célèbre (publiée en 1913) du problémiste tchécoslovaque Josef MORAVEC (1882-1969), qui contient un trial, un dual (assez tôt) et (sans guère de doute) plusieurs plurials vers la fin. Là encore c’est pourtant un joli petit bijou et on trouve cette étude un peu partout.

 

 

 

2+3                                                                    +

Il ny a cinq pièces (2+3) et le signe + signifie : « Les Blancs jouent et gagnent ».

Solution :

1.Rh7!! (seul coup gagnant, trouvé par Komodo, qui donne une évaluation positive en dix secondes, le reste, y compris le coup très tentant 1.hxg7?, étant évalué à 0,00) h4(!) (meilleure défense, qui va prolonger longtemps la résistance)

2.Rg6! (seul coup gagnant) h3(!) (meilleure défense, qui va prolonger longtemps la résistance)

3.Rf5! ou Rg5! ou Rh5! (trial, donc) h2(!) (meilleure défense, qui va prolonger longtemps la résistance)

4.Rf4! ou Rg4! (dual, donc) g5(+)(!) (meilleure défense, qui va prolonger longtemps la résistance)

----------

Pourquoi les Noirs n’ont-ils pas joué 4...h1D ? Tout simplement parce qu’ils eussent perdu cette dame et la partie très vite après. On aurait eu : 5.Rg3!! puis, au choix des Noirs :

a) 5...Df3+ ou Dh3+ ou Dh4+ 6.Roi prend dame ! etc. 1-0 rapide.

b) 5...Dg2+ ou Dh2+ ou Da8 6.Tour prend dame ! etc. 1-0 rapide.

c) 5...Rf1 6.Ta1+! Re2 (forcé) 6.Tour prend dame ! etc. 1-0 rapide.

d) 5...g5?? ou g6?? 6.Ta1 mat.

e) 5... Da5 ou Da6 ou Da7 ou De4 ou Dd5 ou Dc6 ou Db7 6.Ta1+, Dame s’interpose sur la première rangée 7.Tour prend Dame, échec et mat !

Eh oui, ce coup Ta1+ est mortel ! Il faudrait pouvoir l’empêcher avec la dame. Notez bien que, s’il n’y avait pas ce fichu pion en g7, les Noirs joueraient 5...Dh8!! et il n’y aurait plus de mat possible par 6.Ta1+ car la tour serait en prise et les Noirs gagneraient après 6...Dh8xTa1!! Vous comprenez maintenant pourquoi le roi blanc a souverainement et majestueusement ignoré le pion g7 lors de son premier coup. Il fallait que ce dernier continuât à obstruer la diagonale a1-h8 !!

Astucieux, feu Josef MORAVEC, non ? J

Mais ce n’est pas fini ! Ce n’était là que le hors-d’œuvre ! Le dessert est joli aussi. J

----------

5.Rg3!! (seul coup gagnant) h1C+(!) (meilleure défense, qui va prolonger longtemps la résistance)

6.Rf3!! (seul coup gagnant) g4+(!) (meilleure défense, qui va prolonger longtemps la résistance, car elle sauve le cavalier, au moins provisoirement)

7.Rxg4!! (seul coup gagnant) Cf2+(!) (meilleure défense, qui va prolonger longtemps la résistance)

8.Rf3!

Ce n’est pas le seul coup gagnant car, selon Komodo, 8.Rg3(!) gagne aussi, mais c‘est beaucoup plus long. En tant qu’étude, donc, il y a dual : on peut gagner en jouant 8.Rf3! ou en jouant 8.Rg3(!).

En tant que problème, il n’y aurait pas dual puisque ce second coup met beaucoup plus te temps pour gagner (voir en début d’article la cinquième et meilleure définition du dual, due à monsieur Alain BIÉNABE).

8...Cd3(!) (meilleure défense, qui va prolonger longtemps la résistance)

Et maintenant, il y a huit coups de tour qui gagnent. Pas tous à la même vitesse, mais, plus loin encore dans la solution il y a sans doute des coups blancs équivalents qui matent aussi vite (le mat a lieu vers le 30ème coup, un peu comme dans mon étude) car ça se termine par "roi + tour contre roi", une finale bien connue pour ses nombreux plurials.

----------

La première beauté de cette étude de feu Josef MORAVEC, c’est la clé car tous les "pousseurs de bois" du monde échiquéen (et même bien des champions, j’en suis sûr) auraient joué 1.Rxg7, coup tellement tentant, mais qui ne permet pourtant pas de gagner ! Il s’ensuit une partie nulle : 1.Rxg7? h4 2.Rg6 h3 3.Rg5 h2 4.Txh2 Rxh2 et partie nulle : ½–½

La seconde beauté de cette étude, c’est qu’on arrive à une finale "tour contre cavalier" ; or cette finale est généralement nulle. Mais il y a des exceptions quand les roi et cavalier noirs sont mal placés. Et ce petit coquin de feu Josef MORAVEC a bien étudié cette position et IL A VU que les Blancs finiraient par gagner. Mais ça va être long ! Et je puis vous assurer que, sans ordinateur (1913), il a dû passer beaucoup de temps pour s’assurer que le camp de la tour (les Blancs) finirait par gagner !

Donc : une étude avec dual, trial et même sans doute plurials vers la fin.

Mais il faut bien accepter ces "faiblesses" ou alors se priver de cette magnifique étude avec sa clé formidable et sa fin délicate !

En plus, cette étude est "didactique", car elle montre qu’il ne faut pas toujours systématiquement « ratisser tout le bois qui traîne » !

--------------------------------------------------

Conclusion sur les études en général (suite à l’exemple ci-dessus) : l’énoncé d’une étude (de gain mais ce serait pareil pour les études de nulle, dont je montrerai un exemple dans le dernier article du présent blog) étant « Les Blancs jouent et gagnent », SANS PRÉCISION SUR LE NOMBRE DE COUPS, l’apparition, dans la variante principale de la solution, d’un autre coup permettant le gain, constituera donc un dual, et ce, même si ce gain s’avère plus long avec ce second coup qu’avec le premier.

Toutefois je ferai une distinction entre un dual formé de deux coups permettant un gain aussi rapide et un dual formé de deux coups dont l’un ne permet pas un gain aussi rapide.

Dans le premier cas, je parlerai de « dual absolu ».

Dans le second cas, je parlerai de « dual relatif ».

Exemple de dual relatif : le huitième coup des Blancs dans l’étude ci-dessus : 8.Rg3(!) gagne aussi, mais c‘est beaucoup plus long que 8.Rf3!.

Exemples de dual absolu : toutes les possibles interversions de coups, dans n’importe quel(le) problème ou étude.

--------------------------------------------------

Conclusion sur mon étude : on va trouver un dual à partir du septième coup des Blancs.

Dans la pratique, c’est le cas de la fin de (au moins ! J) 99% des études de gain : il y a des duals et très souvent des plurials vers la fin si on veut aller jusqu‘au mat (ce qui n'est pas demandé).

Sinon, on en fait en général un problème : ça m’est arrivé : j’avais voulu composer une étude, mais l’absence de duals jusqu’au mat me l’a fait transformer en un « mat en 17 coups ». Ça restait aussi toutefois une étude, vu que sur tout autre premier coup que la clé, non seulement les Blancs ne gagnaient pas en 17 coups, mais ils ne gagnaient pas du tout, n’obtenant au mieux que la nulle !

----------

Revenons à mon étude, thème de ce blog : il y a en effet deux manières de gagner : soit on pousse d’abord le pion c7, soit on pousse d’abord le pion g5. Le plan est le même et les coups de chaque camp sont les mêmes, les deux méthodes se rejoignant au plus tard au 12ème coup ; mais bon, il y a deux possibilités de jouer au 7ème coup pour les Blancs et de gagner les deux fois.

On va d’ailleurs retrouver des suites très analogues à celles qu’on a étudiées dans l’article précédent (N°5), avec le coup : 2...c5(?). Sauf que la résistance des Noirs sera encore plus forte.

--------------------------------------------------------------------------------------------------

--------------------------------------------------------------------------------------------------

Rédacteur du présent blog :

Pierre-Antoine CATHIGNOL, né au Mans le 3 décembre 1949, domicilié à Clermont-Ferrand

Contact : cathignol@laposte.net

----------------------------------------------------------------------------------------------------

Édition corrigée du jeudi 30 mars 2017 à 19h28

----------------------------------------------------------------------------------------------------